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Un premier mai à semer la terreur

Anonyme, Lundi, Mai 5, 2008 - 11:20

Mitch L'Affront

La journée internationale des travailleuses et des travailleurs ne se sera pas terminée dans son désormais traditionnel immobilisme syndical cette année. Il faut dire que les syndicats québécois n'ont pas daigné marcher le premier mai, choisissant plutôt le samedi qui suivait pour réclâmer le maintien du système de santé public, gratuit et universel, s'adaptant ainsi au cadre horaire patronal. Non seulement nos FTQ et CSN se soumettent aux conditions imposées par le patronat en ne chômant pas, comme cela se fait dans tant de pays, la journée de commémoration des massacres du Haymarket, ils se résignent en plus au refus gouvernemental d'en faire un jour ferié en acceptent volontiers de s'en remettre à la très bourgeoise fête du travail au mois de septembre.

Quoi qu'il en soit, les militants radicaux ont choisi de leur faire un pied de nez en 2008, refusant de se laisser encadrer par le service d'ordre des « goons » de la FTQ, dans une manifestation qui ignore jusqu'aux fondements mêmes de cette journée de revendications. C'est qu'il en va ici de nos libertés, que nous venons réclâmer, pas abdiquer à quelques leaders syndicaux corporatistes, qui préfèrent s'adonner à la gestion des pertes que d'apporter à leurs discours les changements qui s'imposent.

L'endroit était bien choisi pour une marche à caractère révolutionnaire: Hochelaga-Maisonneuve est un des quartiers les plus pauvres à Montréal, abritant une tradition ouvrière de longue date. De plus, la prolifération de groupes d'extrême-droite dans ses rues motive de nombreux militants anarchistes à se réapproprier le coin, et enfin montrer la porte à cette vermine quasi-anachronique. Mais bien que les révolutionnaires s'imposaient par le nombre sur la rue Ontario, les jeunesses fascisantes n'ont pas manqué à l'appel, réussissant à perturber la marche d'une façon inattendue.

Mais alors que de petits écervelés, qui réussissent à trouver quelque chose de « glamour » dans l'héritage hitlérien, ont bien peu cher payé leurs actes disgracieux, les forces policières n'ont pas manqué la chance d'écraser les aspirations populaires, dispersant dans une violence déplorable ce qui n'était jusque-là qu'un défilé pacifique dans les rues de Montréal. « Vous avez le droit de manifester, dans le calme et le respect de la loi », nous répète-t-on avant chaque manifestation. La rhétorique s'est une fois de plus vu prouvée fausse. Car, bien qu'on nous affirme sans cesse que la liberté d'expression est conditionnelle au respect de la loi, c'est plutôt le respect du cadre de la pensée dominante qui la régit. Nous n'avons en rien payé le prix de nos actes par la répression dont nous fûmes victimes, mais plutôt celui de nos réflexions. Notre anti-capitalisme n'a rien d'acceptable pour l'État et les intérêts qu'il défend, et aucun droit constitutionnel ne pourrait empêcher ses mercenaires de bloquer nos initiatives dans ce sens.

La racaille identitaire ayant écopé de quelques coups, elle se vit rapidement protégée par ses semblables en bleu, qui n'ont certes pas montré une telle retenue face à la foule au discours radical qui lui faisait face. Il ne semble pas que des familles avec de jeunes enfants, luttant pour la justice sociale, méritent quelque respect que ce soit, alors que les groupes haineux semblent avoir les faveurs de la volaille constabulaire. Un tel phénomène est vite compris quand on prend en compte le rôle des interventions policières: préserver, à tout prix, l'ordre établi. Pas besoin de beaucoup plus que deux de Q.I. pour comprendre que le fascisme est un moindre mal pour la survie du système actuel comparativement à l'anarchisme, et autres idéologies radicales qui étaient représentées à la place Valois. Ajoutons à cela les comportements ouvertement racistes que les policiers du SPVM ont l'habitude de prendre lors de nombreuses interventions, et voilà qu'il devient facile de comprendre la bonne entente entre la flicaille montréalaise et l'extrême-droite identitaire. Mais même après une telle réflexion, je n'aurais su m'attendre à ce qui se dressa devant moi sur le chemin de la maison.

Ayant réussi à m'écarter, avec ma femme, ma fille de neuf mois et un de nos amis, avant l'encerclement de la manifestation, je me dirigeais vers l'ouest sur la rue Ontario, saturé de ces images de violence gratuite qui sont le lot de n'importe quel habitué des interventions policières. Arrivant au coin de la rue Dorion, où était stationnée une autopatrouille du SPVM portant l'indication « Relations Médias » (peut-être parce que personne au SPVM ne pouvait s'assurer de l'orthographe du mot médiatiques?), je vis arriver deux de ces partisans de la race aryenne, qui se sont arrêtés plusieurs minutes afin de discuter amicalement avec les agents. S'il ne s'agit pas d'une preuve suffisante pour affirmer hors de tout doute que l'attaque fasciste contre la manifestation était concertée avec les forces de « l'ordre », ça soulève tout de même des doutes.

Se pourrait-il que nos ennemis se soient alliés pour faire avancer leurs intérêts communs? Ou bien ces jeunes ont-ils été payés par le SPVM pour venir justifier la répression? Ou est-ce simplement un élan de solidarité spontanée permis par la proximité idéologique des deux factions? Je n'en sais rien pour l'instant, mais une telle alliance me fait peur. Et dire que les différents corps policiers canadiens se sont vus augmenter leur budgets cette année, grâce à la générosité du Premier Ministre Harper. Mais qu'est-ce qui nous attendra demain, quand le rapport de force basculera encore davantage du côté de la réaction policière?

Face à une telle situation, tendant à assurer l'hégémonie du capitalisme mondial, au détriment des droits des individus et des peuples, il m'apparaît plus qu'évident que notre marche était une nécessité (je n'en ai jamais douté, mais les flics ont tendance à renforcer davantage mes positions par l'atrocité de leurs actes). Bien plus encore le seront les révoltes qui ne peuvent que se généraliser dans cette situation de précarisation des moins nantis. Face à la brutalité de la répression menée par ces mercenaires armés au service du grand capital, la seule réponse possible est la prise des armes. Leur violence ne connaît pas de limite, c'est notre responsabilité de lui en imposer une. Il me semble que maintenant ne pourrait qu'être le bon moment...



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