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Compte-rendu de la 11e manifestation contre la brutalité policière à Montréal

COBP, Mardi, Mars 20, 2007 - 23:48

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)

La manif organisée par le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) pour la onzième Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP) a débuté vers 17h au métro Snowdon. Les revendications de cette marche étaient appuyées par 28 organisations, dont le Centre des Travailleurs et Travailleuses ImmigrantEs (Immigrant Workers’ Center) et le groupe de jeunes Philipins Kabataang, toutes deux basées dans le quartier Côte-Des-Neiges (CDN), et À Deux Mains, qui travaille dans le quartier voisin de Notre-Dame-de-Grâce. Plus de 500 personnes étaient présentes au début de la manif.

-Répression politique brutale
-Salissage et mensonges médiatiques et policiers

De nombreux policiers étaient aussi présents sur les lieux, dont une ligne de policiers devant le McDonald en face du métro et une douzaine d’agents en vélo, en plus de nombreuses voitures de police. Il y avait aussi une dizaine d’agents du SPVM sur le trottoir devant le dépanneur qui est juste à côté de la sortie du métro, de même que plusieurs agents de sécurité privée. On pouvait voir deux hélicoptères dans le ciel. Avant même le début des discours, une policière à bord de la grosse voiture qui sert de porte-voix à la police a menacé que si des actes criminels étaient commis, la police mettrait fin à la manifestation.

Des membres du COBP ont souhaité la bienvenue aux manifestantEs et parlé des revendications, soit la fin des bavures et de l’impunité policières (le SPVM a tué au moins 37 personnes en 20 ans), la fin du profilage racial et du colonialisme, la fin de la chasse aux pauvres et la fin de la répression politique. Des membres du groupe féministe Les Sorcières, opposées au patriarcat, à l’État et au capitalisme, ont aussi pris la parole pour dénoncer le sexisme policier et la brutalité lors de la manif de la Journée Internationale des Femmes le jeudi 8 mars précédant. La sœur jumelle de Mohamed Anas Bennis, Khadija, a ensuite dénoncé le cover-up ayant suivi la mort de son frère à CDN le 1er décembre 2005. La famille Bennis et la Coalition Justice pour Anas demandent l’accès à toutes les informations entourant la mort de Anas (dont le rapport de la police de Québec et une vidéo de surveillance), une enquête publique et indépendante sur cette mort et la fin de la brutalité policière et de l’impunité. Une autre manifestante a parlé de huit anciens membres de l’organisation Black Panther Party aux USA qui ont été arrêtés en janvier 2007 et accusés d’un crime commis… en 1971! La libération de touTEs les prisonnierEs politiques est aussi une des revendications. Enfin, un membre du groupe Kabataang a exprimé sa solidarité avec les gens qui luttent contre la répression ici et ailleurs dans le monde. Les organisateurs ont ensuite demandé aux manifestantEs de respecter les gens du quartier CDN, qui sont ciblés par le harcèlement raciste du SPVM.

Les manifestantEs ont pris la rue Queen-Mary vers l’Est, scandant des slogans tels « Assassiné par la police, pas de paix sans justice! » et « Police partout, Justice nulle part! » La manif a ensuite pris la rue Côte-Des-Neiges vers le Nord, faisant un arrêt au coin de la rue Kent, l’endroit où l’agent Bernier du poste de quartier 25 du SPVM a abattu Anas de deux balles. Les manifestantEs ont rendu hommage à la mémoire de Anas et dénoncé la décision de ne porter aucune accusation contre l’agent Bernier alors que le ministre de la sécurité publique Jacques Dupuis fait tout pour nous cacher la vérité. La manif a ensuite pris la rue Barclay vers l’Ouest, puis la rue Victoria vers le Sud jusqu’au métro Plamondon au coin de la rue Van Horne. C’est là que les organisateurs ont remercié les gens d’avoir participé à la manif pour la onzième JICBP et leur ont rappelé que la lutte contre la brutalité policière se mène à tous les jours, soulevant des applaudissements de la foule. Des manifestantEs qui ne voulaient pas s’arrêter là ont décidé de prendre le métro jusqu’au Carré Berri au centre-ville, où débutent d’habitude les manifs du 15 mars. C’est aux cris de « La STM c’est bin trop cher, Métro populaire! » que les gens ont sauté dans le métro, suivis de près par des dizaines de policiers casqués.

Durant la manif à CDN, certaines personnes ont été choquées de voir des gens qui arrachaient des pancartes électorales et vandalisaient certaines choses. En même temps, plusieurs personnes du quartier, jeunes et plus vieilles, ont exprimé leur soutien, sympathie et intérêt pour les manifestantEs et leur opposition aux policiers en souriant, en se joignant à la marche, en lisant les tracts et journaux distribués, en joignant leurs voix aux « No justice, No peace, Fuck the police! » ou en levant leurs poings, entraînant des applaudissements et cris de joie de la part des manifestantEs.
Répression politique brutale

Plusieurs personnes ont continué à prendre la rue au centre-ville, allumant des feux de poubelles et de pancartes électorales au milieu de la rue. On a vu quatre gars habillés en punks sont rentrés dans le cinéma du Quartier Latin en montrant… leur badge de police! On sait que la police infiltre les manifs avec des agents en civil et des agents provocateurs (le 15 mars 2000, il y avait 20 agents en civil d’après la police). Des dizaines de policiers anti-émeute, armés de leurs matraques, casques et boucliers, ont tenté en vain de disperser la foule pendant plusieurs heures. À un moment, ils ont tenté de procéder à une arrestation de masse sur la rue Berri, mais deux lignes de policiers se sont retrouvés face à face… avec aucun manifestantEs à arrêter au milieu! Il y avait tellement de policiers que parfois, ils n’avaient que des journalistes à repousser... L’UQAM, fidèle à son habitude de collaboration avec la répression, a encore une fois barré ses portes pour permettre aux policiers d’arrêter brutalement des manifestantEs dans la rue.

La soirée s’est soldée d’après la police par 15 arrestations, dont 6 mineurs. La police a dit aux médias que quatre personnes ont été accusées d’incendie, une de méfait sur un véhicule, une d’agression armée sur un policier et neuf d’attroupement illégal. La plupart de ces personnes ont été arrêtées brutalement et arbitrairement. Vers 20h25, un mineur a été enlevé par des policiers en civil à bord d’une van noire immatriculée 876 SLH sur Berri entre De Maisonneuve et Ontario, loin de la foule. Les gens qui l’accompagnaient ont reçu des coups de matraque. Vers 21h25, 5 personnes ont aussi été arrêtées au coin St-Denis et De Maisonneuve. Les policiers étaient très nerveux et agressifs, tentant d’intimider les gens qui observaient la scène et leur demandant de circuler. Un individu qui jouait du tam-tam a aussi été arrêté.

La répression ne s’est pas terminée dans la rue, des policiers du poste 21 sont ensuite venus faire de la provocation devant le Café Chaos sur la rue St-Denis, où des gens fumaient des cigarettes. Vers minuit, une ambulance et deux voitures de police sont arrivées devant le Café Chaos. Les policiers ont menacé les gens qui fumaient des cigarettes de leur donner des contraventions s’ils ne rentraient pas dans le bar ou s’ils ne circulaient pas. Impatients, les agents Claveau et l’agent Côté (qui ne portait pas son badge) ont empoigné une fille et l’ont embarqué dans leur auto. Claveau est devenu de plus en plus agressif, il a empoigné une autre fille par le bras et l’a plaquée sur son auto, la déclarant en état d’arrestation pour lui demander ses cartes d’identité. Plusieurs personnes ont demandé pour quel motif ils l’arrêtaient, sans aucune réponse des policiers, qui l’ont ensuite relâchée.

Très vite, d’autres voitures de police sont arrivées avec une demi-douzaine d’autres agents, dont l’agent Leblanc et d’autres qui n’étaient pas identifiés. Deux agents ont arrêté un jeune homme qui ne faisait que passer et observer la scène, le plaquant face première sur leur auto et lui passant des tie-wraps (menottes en plastique utilisées durant les manifs). Il a dit : « Mais pourquoi m’arrêtez-vous? C’est absurde! » À ce point, environ 8 policiers formaient une ligne sur le trottoir et se parlaient en ricanant d’un air arrogant. Ils ont menacé d’arrêter les gens présents sur les lieux. On a demandé aux policiers qui ne portaient pas leur badge de s’identifier : Séguin D., Bouillon (matricule 6969), Chavez (717) et l’un d’eux a prétendu s’appeler « Velcro 007 », puis a dit « Quoi?! Tu ris de mon nom?! »

Le policier responsable de cette opération de pure provocation a quitté en refusant de s’identifier, disant que l’opération est terminée et qu’il n’avait donc plus à le faire. Les deux agents à bord du véhicule 21-9 ont refusé de s’identifier. Ceux dans l’auto 20-2 ont fait un « fuck you » aux gens en quittant. Il y avait aussi l’auto 21-1, puis celle d’un superviseur (21-85) est passée devant le Café Chaos peu après le départ des autres policiers. On a entendu les policiers dire dans leur radio qu’il y avait encore des manifestantEs au Café Chaos, donc des gens à arrêter… La fille arrêtée qui a été emmenée dans l’auto 20-4 est revenue à pied peu après: elle a reçu une contravention pour « avoir entravé la circulation des piétons (comme la ligne de policiers) et refuser d’arrêter de le faire malgré la demande d’un agent de la paix ». De quelle paix parlent-ils? Pas la nôtre en tout cas!

Salissage et mensonges médiatiques et policiers
Dès le début de la semaine du 15 mars, le SPVM a pavé la voie à la répression en envoyant aux médias un message qui parlait du printemps et des manifestations à Montréal, disant que la police « a à cœur la liberté d’expression et le droit de manifester » et qu’elle « se préoccupe de la sécurité des gens qui y participent. » Suivaient des statistiques, sans source ni détails, selon lesquelles le SPVM « couvre entre 1 500 et 2 000 événements par année et (…) de 95% à 98% des manifestations se déroulent sans arrestations. » Le communiqué concluait : « Nous tenons à informer les participants de la manifestation du 15 mars prochain que le SPVM fera tout en son pouvoir pour assurer leur sécurité cependant, lorsque des actes criminels sont commis, par exemple des méfaits, les policiers se doivent d’intervenir. » Le Journal de Montréal et le journal Métro ont repris en partie cette désinformation quelques jours avant la manifestation.

Ensuite, les médias de masse ont, comme à chaque année, parlé de vitres brisées plutôt que de la cause : les abus policiers et leur impunité qui brisent des vies humaines. Le lendemain de la manif, le journaliste Davide Gentile de la TV de Radio-Canada a quand-même demandé une entrevue avec un membre du COBP, affirmant qu’il avait reçu 4 emails « de bêtises » critiquant son reportage en direct de la manif la veille… Par contre, Normand Lester a utilisé sa tribune à 98.1FM et à TQS pour tenter de discréditer les manifestantEs et les organisateurs de la manif, les traitant de « morveux », de « pecnauds » et d’« hurluberlus », coupant la parole à son « invité » et l’empêchant d’exprimer son point de vue, pour finalement le « flusher ». Il a aussi demandé au membre du COBP s’il était membre du Black Block ou d’une autre organisation anarchiste, puis s’il était étudiant à l’UQAM ou sur le BS, « comme la plupart de ces gars-là ». Normand Lester est très proche de la GRC et probablement aussi du SCRS, mais il n’a pas répondu à savoir s’il travaillait pour la police…

À TQS, Lester a affirmé que la manif du 15 mars dégénère systématiquement à chaque année (ce qui n’est pas la vérité), puis a affirmé que selon des « renseigements policiers », c’est à cause que la Fédération Anarchiste Communiste du Nord-Est est derrière cette manif (ce qui n’est pas vrai non plus, bien que la NEFAC soit parmi les 28 groupes qui soutiennent la manif cette année). Il a ensuite présenté des images des émeutes récentes au Danemark pour prétendre que ce sont des anarchistes qui sont derrière tout ça et a comparé ces derniers à des singes (question de déshumaniser le sujet au maximum). Il a aussi dit que ce sont juste des jeunes hommes qui font tout ce grabuge.

En plus de cette opération de salissage en règle, le porte-parole du SPVM Ian Laffrénière a dit au Journal de Montréal que « Au métro Snowdon, une dame a aussi subi des attouchements sexuels de la part d’un suspect armé d’un couteau ». Il ne dit pas qu’il s’agit d’un manifestant, mais la tentative de lier cette agression à la manif est évidente. C’est le lien qu’a fait dans son article Émilie Côté de La Presse: « à la sortie de la station de métro Snowdon, un manifestant armé d’un couteau lui aurait empoigné un sein, avant de prendre la fuite. » L’agent Olivier Lapointe a aussi parlé de cette agression sur TQS. La police n’a arrêté personne pour cette agression, mais l’utilise pour tenter de discréditer les manifestantEs. Toute agression sexuelle est inacceptable et contrevient aux principes du COBP, qui dénonce aussi le sexisme généralisé de la police.

Rappelons aussi les mensonges de l’agent Laffrénière pas plus tard que le 15 mars 2006, quand il affirmait qu’un manifestant avait pointé un revolver vers les policiers et que c’est un manifestant qui avait utilisé du poivre de cayenne contre un policier, alors que tous les témoins y compris tous les journalistes ont bien vu que c’était bien un policier qui a poivré manifestantEs, journalistes et policiers! Enfin, on se rappellera que suite à l’arrestation de masse préventive du 26 avril 2002, le porte-parole de la police avait aussi dit qu’un homme avait été arrêté avec un revolver, reconnaissant plus tard que ce n’était pas lié à la manif… Bref, on sait que la police est prête à tous les mensonges pour tenter de présenter les manifestantEs comme violents et dangereux, alors que ce qu’on dénonce est justement la violence policière trop souvent sexiste et son impunité, qui causent bien plus de mal à des humains que du vandalisme ne peut le faire.

Le COBP tient à remercier tous les groupes et les gens qui ont participé à la onzième JICBP, à Montréal comme ailleurs au Canada, à New York, au Mexique et ailleurs. Continuons ensemble et à tous les jours la lutte qui n’a pas de frontières contre les abus policiers et leur impunité!

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) (514) 859-9065 c...@hotmail.com www.cobp.ath.cx

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