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BON VOYAGE, MOHAMED CHERFI...

Anonyme, Samedi, Avril 17, 2004 - 17:56

Par Francis Dupuis-Déri, avril 2004

POURQUOI LES AUTORITÉS CANADIENNES ont-elles décidé d'expulser Mohamed Cherfi ? Deux thèses s'affrontent. Du côté des autorités, on souligne que les demandeurs d'asile en provenance de l'Algérie ne sont plus admissibles au statut de réfugié depuis avril 2002 - mais de façon rétroactive.

Maintenant que Cherfi a été expulsé vers les États-Unis, les autorités feignent l'impuissance, affirmant qu'il n'est pas de leur compétence mais de celle du bureau d'à côté d'entreprendre des démarches auprès des États-Unis pour récupérer Cherfi. Bref, le militant est abandonné à son sort en raison d'un typique jeu de déresponsabilisation entre les gouvernements provincial et fédéral.

Du côté de ses sympathisants, on laisse entendre que les autorités canadiennes auraient voulu se débarrasser de Cherfi en raison de son militantisme qui dérange. Il était, en effet, porte-parole du Comité d'action des sans statut (CASS), lequel exige un arrêt des déportations vers l'Algérie, un retour du moratoire et une régularisation des sans statut. Cherfi s'est fait arrêter à plusieurs reprises lors d'actions non violentes. On comprend mieux alors pourquoi il dérange les autorités politiques. On aime bien se glorifier de notre belle « démocratie » canadienne, mais les autorités préfèrent néanmoins gouverner sans être importunées.

Qui a raison ? Rien de mieux, pour y voir plus clair, que de consulter les « Conseils aux voyageurs » en Algérie émis par le Ministère des Affaires étrangères et du commerce international du Canada et diffusés dans son site Internet. En date du 10 mars 2004, soit plusieurs jours après la déportation de Cherfi, on apprend dans la section « ATTENTION » que le ministère « recommande aux touristes canadiens de reporter tout voyage en Algérie […] compte tenu des actes terroristes commis dans certaines régions de l'Algérie. » L'État canadien encourage ses citoyens téméraires qui se rendent en Algérie de se doter d'une « escorte de sécurité » lorsqu'ils circulent dans certaines régions. On précise encore qu'il y a « un danger pour tous les voyageurs, y compris les étrangers, […] d'être blessés, de se faire voler, kidnapper ou tuer. »

Pourquoi donc, alors, les autorités canadiennes ont-elles levé le moratoire sur les déportations en 2002 ? Cette décision avait été prise quelque temps après qu'une « mission canadienne » composée de politiciens et de gens d'affaires soit allée prospecter le marché algérien. Tout porte à croire qu'il y a eu entente entre un gouvernement algérien désireux de revamper l'image de l'Algérie sur la scène internationale, et d'un gouvernement canadien désireux de mousser les affaires de compagnies nationales. Ici encore, le ministère des Affaires étrangères et du commerce international du Canada nous éclaire lorsqu'il précise candidement que l'Algérie « représente le marché le plus important en Afrique et au Moyen-Orient » (pétrochimie, principalement).

Sacrifierait-on quelques « sans statut » au profit de la rentabilité de « sociétés canadiennes » ? Et si les policiers Algériens se montrent plus sympathiques avec Cherfi plus que les policiers du Canada, pense-t-on que Cherfi est miraculeusement immunisé contre les « problèmes que connaît l'Algérie sur le plan de la sécurité [et qui] présentent des risques pour les Algériens et les résidents étrangers », comme l'indique encore le Ministère dans ses « conseils aux voyageurs » ?

Je n'ai jamais croisé Mohamed Cherfi. Dommage, car il m'apparaît d'une nature extraordinaire : il semble infatigable (voir l'encadré) et sa peau est, dirait-on, résistante aux pistolets électriques. Mais j'ai un doute et si les autorités canadiennes et québécoises s'étaient trompées en renvoyant vers l'Algérie un être humain bien ordinaire, vulnérable comme l'est n'importe quel touriste canadien à qui l'État canadien déconseille de visiter aujourd'hui l'Algérie ? Si c'est le cas, ces autorités ont la responsabilité morale et politique de tout mettre en œuvre pour que Cherfi revienne au Canada, et elles doivent réactiver le moratoire et stopper les déportations.

FRANCIS DUPUIS-DÉRI
LE COUAC, AVRIL 2004

www.lecouac.org


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